Alors que GPSO peine à trouver les crédits nécessaires à sa réalisation et à convaincre par son utilité réelle, son impact environnemental dévastateur et son coût faramineux (plus de 14 milliards d’euros), l’idée d’un financement par partenariat public-privé (PPP) refait surface. Cette solution, qui peut paraître séduisante en apparence, s’avère en réalité inadaptée et dangereuse pour les finances publiques, la transparence démocratique et l’intérêt général.
Le recours à un partenariat privé public ne ferait qu’aggraver le déficit de confiance en rendant encore plus opaque un projet contraire à l’intérêt général. Ce mode de financement présente des risques majeurs : coût, opacité, rigidité contractuelle pour les finances des collectivités et ferait porter le poids économique du projet pour les contribuables qui se sont pourtant massivement mobilisés à plus de 90% lors des enquêtes publiques pour dire qu’il ne voulait pas de ce train là.
Une analyse des lignes actuellement en service révèle une rentabilité très inégale, des coûts en forte hausse et un bilan socio-économique souvent décevant. Selon l’IFRAP, « Pour la LGV Atlantique, les coûts d'exploitation ont explosé et sont jusqu'à 5,7 fois supérieurs aux prévisions initiales. Ces prévisions avaient été volontairement sous-évaluées pour faire passer le projet. Le facteur multiplicateur de 5,7 repose sur une comparaison entre les prévisions initiales de SNCF Réseau et les montants réellement versés dans le cadre du contrat de PPP.
L’expérience l’a prouvé et doit nous servir : les PPP finissent souvent par coûter beaucoup plus cher aux finances publiques qu’un financement classique. La rémunération du partenaire privé, les intérêts cumulés sur des périodes longues (30 à 50 ans), les garanties exigées par les investisseurs privés... tout cela alourdit considérablement la facture pour les contribuables. Plusieurs rapports de la Cour des comptes ont dénoncé ces effets pervers dans des projets similaires.
Les contrats de PPP sont par nature complexes et opaques. Leur élaboration échappe souvent au contrôle démocratique, et les citoyens comme les élus locaux sont mis devant le fait accompli. Ce projet est déjà entaché d’un manque de transparence sur les études d’impact et les coûts réels. La rentabilité d’une LGV repose en grande partie sur la fréquentation. Or, de nombreuses lignes souffrent d’un écart important entre les prévisions initiales et la réalité observée. Selon un rapport de la Cour des comptes, le trafic moyen des lignes à grande vitesse en ‘régime de croisière’ est inférieur de 24 % aux estimations.
Cet écart compromet gravement la rentabilité des investissements engagés.
Contrairement à des infrastructures très rentables, le GPSO ne garantit pas une fréquentation suffisante ni des revenus assurés à long terme. Cela signifie que le partenaire privé demanderait des garanties publiques élevées, des clauses de « paiement à disponibilité », voire des subventions indirectes déguisées, ce qui reviendrait in fine à socialiser les pertes tout en privatisant les gains.
La question de l'efficacité environnementale ne peut être occultée au regard des enjeux climatique et de la préservation de la biodiversité, or celle des PPP dans les grands projets d'infrastructure comme les LGV est remise en question au regard de la logique principale de rentabilité financière et de leur rigidité s'agissant de contrat longue durée.
Un PPP enferme les pouvoirs publics dans des engagements contractuels lourds, parfois pour plusieurs décennies. En cas d’évolution des besoins de mobilité, de changements climatiques, ou de crise budgétaire, l’État et les collectivités se retrouveraient pieds et poings liés, incapables de réorienter la politique des transports en fonction de l’intérêt général. Cette rigidité serait nuisible à la gestion publique. L’écart entre les promesses initiales et les résultats effectifs remet en cause la soutenabilité du modèle. Dans ce contexte, la priorité devrait être donnée à l’entretien et à la modernisation des lignes classiques, aux trains du quotidien et à une approche rigoureuse des investissements publics. Les projets LGV ne doivent plus être décidés sur des bases politiques, mais sur des critères de rentabilité, d’efficacité environnementale et d’utilité sociale.